Comment développer le courage en entreprise ? — Les Entretiens de Valpré

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Comment développer le courage en entreprise ?

Une enquête des Entretiens de Valpré / Kéa & Partners

En 2020, à l’initiative des Entretiens de Valpré, une enquête a été réalisée auprès de managers et dirigeants de la région Rhône-Alpes, sur le thème du courage en entreprise.

148 personnes ont répondu au questionnaire :

  • Plus de la moitié des répondants sont des dirigeants et cadres dirigeants, un quart sont des managers.
  • Une majorité (56%) appartiennent à des entreprises de moins de 50 salariés.

Cette enquête est complétée d’entretiens qualitatifs menés auprès de dirigeants et coachs de dirigeant.

CONSULTER l’intégralité des résultats 

Quels enseignements peut-on retirer de cette enquête ?

1er enseignement

Le premier enseignement est que pour la quasi-totalité des répondants (91%) – dirigeants et cadres dirigeants, rappelons-le –, « devoir faire preuve de courage » fait partie de leur quotidien professionnel, le courage étant jugé telle une vertu « indispensable » pour réussir en entreprise.

La même proportion (96%) pense que leur entreprise favorise le courage… point de vue que seuls 53% des répondants de statut managers et salariés (non dirigeants, donc) partagent. Aurions-nous là un fossé au sein des entreprises, les cadres dirigeants s’illusionnant pour partie sur la façon dont leurs modes de management sont perçus par leurs collaborateurs ? Il ne serait sans doute pas inintéressant d’engager un dialogue sur ce sujet au sein des entreprises.

L’année au cours de laquelle cette enquête a été réalisée, marquée par l’épidémie de covid-19, les mesures prises par les pouvoirs publics et leur répercussion sur la santé économique des entreprises, n’a sûrement pas été pour rien dans l’importance donnée à la vertu du courage, en des temps incertains qui réclament de la prise de risque et de la résilience.

Pourtant, malgré ce climat global d’insécurité, seuls 12% des répondants disent éprouver « très souvent » de la peur dans leur fonction, contre 65% déclarant l’éprouver « de temps en temps ». Le courage serait-il donc l’autre nom de la capacité à surmonter sa peur ? C’est ce que pense en tout cas l’une des dirigeantes interrogées en entretien individuel :

Le courage sans la peur n’existe pas. La témérité, c’est avoir à vaincre sans peuR. On est très courageux quand on a très peur. Comme je suis très peureuse, je dois être très courageuse » (Dirigeante, entreprise de services) 

2e enseignement

La possibilité de faire preuve de courage semble autant affaire de personnalité que de contexte. Une majorité de répondants (entre 50 et 68% selon les items) estiment que les mesures prises par les pouvoirs publics (chômage partiel, prêts garantis par l’Etat) ont favorisé « l’esprit de courage ». Inversement, les décisions plus « autoritaires », comme les fermetures administratives, sont perçues comme défavorisant le courage pour 3 interviewé sur 5.

Cela semble indiquer que le courage s’exprime tout autant en fonction des qualités personnelles que du contexte et de l’écosystème. Enseignement intéressant en ce qu’il indique que l’on peut favoriser l’expression du courage : si l’on veut que les collaborateurs en fassent davantage preuve, il s’agit de le promouvoir et de l’encourager.

3e enseignement

Lorsque l’on demande aux interviewés ce qui est de nature à favoriser le courage en entreprise, c’est le binôme confiance / autonomie qui est cité en premier. C’est incontestablement une bonne nouvelle, car c’est une attente clairement exprimée par les jeunes générations, attente que l’on constate dans leur goût de plus en plus prononcé pour les petites structures, où elles pensent pouvoir prendre des responsabilités plus rapidement que dans les grandes.

On peut néanmoins avoir une pointe d’étonnement à la lecture de ce résultat car, naïvement, à l’heure des « entreprises libérées » et autres « univers VUCA », on aurait pu penser ce binôme en place depuis un certain temps déjà. Du coup, on en vient à se poser la question : est-ce si réellement le cas ? Cela interroge en tout cas sur l’adéquation des pratiques managériales des quinquagénaires et leurs aînés (rappelons que plus de la moitié de l’échantillon est constituée de répondants de 50 ans et plus) aux attentes des plus jeunes.

La génération des 50 et +, aux commandes des entreprises, a grandi à une époque où, en lieu et place de « l’autonomie » et de « la confiance », c’était plutôt des vertus comme la loyauté, la fidélité, la qualité d’exécution qui étaient recherchées. Mais les temps ont changé, et sans doute qu’une petite « mise à jour » du logiciel managérial ne serait pas superflue pour réduire les écarts générationnels.

On trouve une autre confirmation de l’importance du management lorsqu’on pose la question des freins à l’expression du courage. La dimension managériale ressort très nettement dans les réponses les plus citées :

  • Ne pas encourager ses collaborateurs à oser »
  • Être flou sur les attendus »
  • Ne pas défendre ses collaborateurs »

Le courage trouve donc à s’exprimer à travers la qualité de la culture managériale, ce qui, là encore, peut être considéré comme une bonne nouvelle, car une culture managériale, cela se travaille, cela se développe.

4e enseignement

Où va-t-on puiser les forces pour faire preuve de courage ?

Les 3 principales sources citées sont

Le sens : la raison d’être de l’entreprise, sa vision, son ambition.

Les valeurs personnelles : la foi, la famille, les valeurs personnelles, les convictions.

Le courage, c’est aller là où nos convictions nous portent, surtout si elles sont à contre-courant », nous dit l’un des dirigeants interrogés.

Le courage de tenir bon sur ses valeurs, c’est cela le vrai courage », affirme un autre.

Quand l’on demande les personnalités qui incarnent le mieux cette vertu, ce sont des personnes fortement engagées, d’une façon ou d’une autre, dans la vie de la Cité, qui sont citées ;

  • Emmanuel Faber, Jean-Dominique Senard, Pascal Demurger pour l’entreprise ;
  • Jean-Marc Jancovici, Didier Raoult, pour la société civile ;
  • Des innovateurs qui font bouger les lignes, comme Elon Musk.

Les autres

On trouve des ressources dans le lien : aux collaborateurs, aux clients, etc. C’est aussi pour eux, et pas seulement pour soi, que l’on mobilise la ressource du courage.

In fine, ces résultats sont très encourageants pour les entreprises, de plus en plus nombreuses qui, sentant un besoin de sens émerger de partout, font le choix d’aller vers le statut d’Entreprise à Mission.

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