Marie-Amélie Le Fur — Les Entretiens de Valpré

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Au croisement de l’entreprise et de la personne humaine

Marie-Amélie Le Fur

Athlète handisport, elle est détentrice de neuf médailles lors des Jeux paralympiques. Elle est élue en décembre 2018 présidente du Comité paralympique et sportif français.

Comment définiriez-vous le courage ?

Pour moi le courage réside dans notre capacité à affronter des difficultés, pas uniquement physiques mais également psychologiques. Il s’agit de mobiliser une énergie - et des compétences - face à des imprévus, des épreuves du quotidien… Ainsi, le courage n’est pas l’apanage de manifestations extraordinaires : on peut faire preuve de petites comme de grandes formes de courage pour avancer et atteindre des objectifs. 

De manière plus personnelle, comment ce courage s’exprime-t-il dans votre quotidien ?

Il peut s’exprimer dans ma vie de sportive de haut niveau comme dans ma vie professionnelle.

Dans ma vie de sportive de haut niveau, il s’agit souvent d’affronter sa douleur, sa fatigue quotidienne, pour se surpasser et repousser les limites. C’est un courage au sens noble du terme : le matin, on a beau avoir mal partout et être très fatigué, on remet l’objectif et l’ambition au cœur de nos préoccupations, on va à l’entraînement, et on essaie de se dépasser.  

Dans la vie professionnelle, il faut fréquemment affronter des situations inconfortables que l’on résout en allant développer des nouvelles formes de compétence. Si on ne se confronte pas à la difficulté, à des situations qui nous font peur, on ne progresse pas. Oser sortir de sa zone de confort, affronter des situations inconnues ou imprévues pour véritablement se challenger : c’est un vrai courage ! Pour réussir de belles performances, il faut chercher au fond de nous-même des aptitudes que l’on n’a pas forcément l’habitude d’utiliser. 

Le courage, çà se transmet ?

Oui je pense que le courage est une valeur qui se transmet, et que l’on doit transmettre. Faire preuve de courage, pour moi, c’est d’abord un état d’esprit que l’on adopte pour atteindre un objectif. Face à l’imprévu, face à la difficulté, on décide d’affronter les choses plutôt que de rebrousser chemin. C’est une démarche qui doit pouvoir s’envisager dès le plus jeune âge, au travers de la façon dont on enseigne les valeurs à nos enfants. Bien évidemment, le sport permet de développer cette version du courage. En confrontant ces enfants à des situations nouvelles parfois un peu difficiles d’un point de vue moteur, et même psychologique en termes de coordination, on va les amener à comprendre comment surpasser les difficultés.

Il faut systématiquement éviter de se reposer sur ses acquis et faire appel à un supplément d’âme, mobiliser des forces sur lesquelles repose cette notion de courage.

Pour cela des conditions particulières sont requises : un objectif à atteindre, une forme d’ambition en partage, être en confiance pour se sentir capable de… mais également être entouré de gens vers lesquels se tourner, si nécessaire, pour mobiliser des énergies et des compétences complémentaires. Dans le monde de l’entreprise, il est important de créer cet écosystème propice pour permettre l’expression de cette forme de courage. Selon moi, c’est impossible si on est seul, s’il n’y a pas d’objectif clairement identifié. Il faut qu’il y ait un but et une possibilité d’aller chercher des énergies supplémentaires si besoin pour atteindre ce but.

Y a-t-il des prérequis au courage ?

Le prérequis essentiel à l’expression du courage, c’est de ne pas avoir peur de l’échec. Faute de quoi on ne tente pas, on n’essaie rien - ou pas grand-chose - et donc on ne fait pas preuve de courage. On reste sur des situations qui sont maitrisées, qui sont connues, on ne va pas se surpasser. Quand on décide de plonger dans une situation difficile, humainement parlant ou en termes de compétences par exemple, il faut accepter le fait que l’on ne peut prévoir le résultat. L’échec est une forme d’apprentissage, certes un peu douloureuse, mais nécessaire. On ne peut pas avancer dans la vie sans échec, tout comme on ne peut pas avancer sans courage… il s’agit donc de trouver un juste équilibre et d’arriver à maitriser les deux phénomènes.

Pour terminer, pourriez-vous évoquer un souvenir dans votre parcours qui relève de votre notion du courage ?

Il y a un événement durant lequel je pense qu’effectivement j’ai fait preuve de beaucoup de courage. C’était en 2018, lorsque je suis revenue à la compétition très rapidement après un drame personnel. J’ai su dépasser les incertitudes, la peine et la difficulté, j’ai su mobiliser toute mon énergie interne et j’ai su m’appuyer sur les compétences de toutes les personnes qui m’entouraient positivement pour arriver à avancer. Alors que la période était vraiment très difficile et que personne finalement n’attendait çà de moi, j’ai réussi à atteindre l’objectif.

Je pense que c’est ça aussi le courage : être là où les gens ne vous attendent pas, créer la surprise en développant des compétences et en réagissant d’une façon inattendue !

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